Avant de partir

L’histoire débute un matin de mai dans les allées du salon de la montagne Alpipro à Chambéry. Comme souvent lors de ces salons, on passe plus de temps à boire des cafés qu’à être dans les 9 m² de son stand, je me retrouve donc au café avec Karine (Feige) qui, de bon matin, me dit : « Ah tiens, la Nouvelle-Calédonie a pris contact avec nous, ils vont probablement intégrer le réseau, ça serait bien que ce soit toi qui y ailles… ». Il me faut un second café…

Mais le sujet se précise, Karine m’explique que Bastien Serafin, ancien d’Estérel Côte d’Azur, est maintenant là-bas pour diriger le pôle de marketing digital et qu’il connaît bien la plateforme. Le projet avance et devient au fur et à mesure plus concret. Une rencontre a lieu dans l’été avec Bastien lorsqu’il vient en métropole pour parler du sujet et du périmètre de la mission.

Les objectifs sont clairs :

  • poser une architecture de donnée touristique basée sur Apidae,
  • former les équipes sur place
  • et accompagner à la qualité d’information pour que le prochain site internet de la destination Nouvelle Calédonie Province Sud puisse pleinement en profiter.

Et tout cela en 3 semaines…

A ce moment-là, je provoque une réunion avec l’ensemble des esprits qui composent ma tête pour faire le point sur ce que je connais de la Nouvelle-Calédonie. Car évoluer dans le Sud-Est de la France, mettre en place des projets et faire évoluer des offres touristiques c’est facile, j’arpente la région Auvergne-Rhône-Alpes et la région Sud depuis que je suis petit (et ça ne fait pas si longtemps, pour les lecteurs qui auraient pu avoir une mauvaise pensée). Là, le sujet est plus complexe, il va falloir s’imprégner d’un nouveau territoire, de son histoire, de sa culture et de ses coutumes pour les retranscrire dans un système informatique. En tout cas essayer ! Avec le défi de le faire dans un temps imparti.

Donc fin de la réunion avec mes moi-mêmes qui sont dans ma tête, et les seules images de la Nouvelle Calédonie sont celles que l’on a sur France Ô (d’ailleurs je milite pour que cette chaîne ne s’arrête pas, c’est un vrai lien culturel avec les territoires français d’Outre-Mer), mais rien de réellement concret. Bref, la Nouvelle Calédonie est un territoire français à l’autre bout du monde, on verra bien sur place…

 

L’arrivée sur place

Après 26 heures de voyage entre Lyon, Amsterdam, Tokyo et enfin Nouméa, j’arrive de nuit à l’hôtel, mais mon cerveau a déjà abdiqué à Tokyo ! Je subis pleinement le voyage et il me faut deux jours pour me remettre de ce demi-tour du monde… Bastien m’avait prévenu, mais ça fait toujours un choc. Autre choc, on est sur une île, dans un territoire d’Outre-Mer (le vrai terme est Collectivité sui generis), mais le climat est printanier, loin d’être tropical. La Nouvelle-Calédonie ne peut pas être comparée aux autres îles que je connais. La découverte va être totale.

 

Les débuts du projet

Il est maintenant temps de s’atteler au projet et je retrouve Bastien à Nouvelle Calédonie Tourisme Province Sud. Il me présente toute l’équipe notamment sa collaboratrice la plus proche en charge du projet de mise en place Manon Waltzing. Le programme est ultra carré, je pars pendant une semaine sur toute l’île à la rencontre des acteurs du Tourisme pour échanger avec eux. Ce sera aussi l’occasion de prendre la mesure du territoire avant que l’on entre dans le vif du sujet avec une conférence plénière dans l’auditorium de la Province Sud.

Premier matin. 5 heures. Je pars à l’aéroport de Magenta pour un vol interne vers Koné au Nord de l’île pour rencontrer les équipes de la Province Nord. Malheureusement, le vol de 45 minutes est annulé, Air Calédonie le remplace par un trajet de 3 heures en taxi, autant dire que le paysage de la côte Ouest, j’ai le temps de le découvrir.

Arrivé avec quelques heures de retard à Koné, je suis accueilli par Judickaël Selefen, directeur de Tourisme Province Nord, qui a prévu un temps de réunion avec ses équipes, Lydia et Carine, mais aussi les points Info de son territoire, la CCI de la province et des agents du territoire. Nous parlons du projet et des besoins qu’ils ont sur le plan touristique. Il apparaît clairement que l’organisation des fêtes et manifestations leur est primordial et que la communication autour est l’une des missions phares confiées à Tourisme Province Nord. Malheureusement, le temps perdu en début de matinée ne me permet pas d’approfondir le sujet, mais nous travaillerons dessus lors des sessions de formation prévues dans les semaines qui suivent pour qu’ils aient les outils nécessaires pour mener à bien leur mission avec le soutien d’Apidae. 

Je repars déjà vers le Sud pour rencontrer les offices de tourisme de Bourail et de la Foa. Chez eux, l’offre touristique est différente, tout comme à Nouméa. Ils ont un fonctionnement local avec des partenaires et des offres d’hébergement, de restauration qu’il faut mettre en avant. Je me rends compte surtout du travail à mener sur le référencement du patrimoine naturel, réelle valeur ajoutée de la Nouvelle-Calédonie. Je ne l’avais pas forcément perçu dans le Nord car le temps était couvert mais là, le soleil se levant sur l’océan Pacifique, j’en prends toute la mesure. Je traverse cette région entre Nord et Sud aux allures de Far West ou la culture des ranchs et de l’élevage est de rigueur. Il faudra y revenir…

Ma visite des Offices de Tourisme se termine à Nouméa, véritable centre névralgique de l’île où se concentre 75% de la population. Nellye, la directrice de l’Office de Tourisme, connaît très bien son sujet et m’interroge sur la reprise des données existantes déjà saisies sur un système d’information touristique local et que Nouméa utilise pour promouvoir son offre. Il faudra y répondre mais la reprise des données ne s’avère pas facile. Il n’y a que très peu de concordances entre les deux bases.

Pour terminer ma semaine de découverte du territoire, le vendredi matin, je retrouve Lilas, directrice adjointe de Destination îles Loyauté, pour partir à Lifou à l’occasion de la fête des Îles Loyauté qui s’ouvre le matin même [pour situer les Îles Loyauté, elles sont 4 au Nord de la Grande Terre, Ouvéa, Lifou, Maré et Tiga]. C’est la troisième province de Nouvelle Calédonie avec la particularité d’être lié au reste du territoire par liaison aérienne. Air Calédonie propose des liaisons quotidiennes entre Nouméa et les îles et la liaison inter-îles est assurée par petit porteur de la compagnie Air Loyauté.] J’imagine déjà le souci pour modéliser dans Apidae ces liaisons et pourtant c’est le point de départ de l’activité touristique de la province.

Lilas m’amène donc à l’inauguration de la fête des îles Loyauté qui se déroule dans la tribu de Drueulu. Je me retrouve devant le Grand chef, en pleine coutume, au sein de la délégation protocolaire composée du président de la province et du sous-préfet. La coutume est un moment très important en Nouvelle-Calédonie, c’est un moment de respect et d’échange de présents qui montre l’intérêt que l’on porte à l’autre. Je retiens de ce moment fort, les paroles du Grand Chef qui disait alors : « Les européens ont l’heure, nous, nous avons le temps ». Je crois que ces instants, que j’ai eu la chance de vivre, resteront gravés dans ma tête, un long moment. 

Lilas m’emmène découvrir le reste de l’île, avec ses plages de sables idylliques bordant le lagon, mais surtout désertes. Il y a au mètre carré un nombre impressionnant de points d’intérêt touristique ! L’après-midi est consacrée à une réunion avec les acteurs locaux au cours de laquelle deux points principaux sont soulevés :

  • l’accueil en tribu, « l’équivalent » d’une chambre d’hôte, mais dans le respect de la coutume locale qui doit apparaître dans Apidae,
  • comment faire avec des points d’intérêt non touristique ? en gros, il existe des zones protégées ou l’autorisation est à demander aux tribus avant de les traverser ou d’y venir. 

Aujourd’hui, les croisiéristes qui débarquent sur les îles loyautés n’en ont que faire et ne sont surtout pas informés. Mais, tout comme dans une réserve naturelle, je leur soumets l’idée justement de référencer ces lieux et de stipuler qu’ils sont soumis à autorisation préalable ou tout simplement interdits au public. La plateforme est là pour spécifier ces caractéristiques. Ils mesurent aussi l’intérêt de référencer leurs fêtes et manifestations et l’atout que ça peut avoir sur la promotion qui peut en être faite.

La journée se termine et je crois que je ne remercierais jamais assez Lilas de m’avoir permis de découvrir cette facette de son île.

 

 

Il est maintenant temps de se mettre à l’œuvre et de déployer Apidae.

Merci à tous ceux qui m’ont accueilli lors de ce premier tour de l’île, certes un peu rapide (!) mais qui m’a permis de ressentir l’hospitalité des communautés locales, leur envie de voir un tourisme durable se développer sur le territoire, dans le respect de leur culture et des traditions calédoniennes.

 

FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE  !

Article écrit par :

François Veauléger